Lorsqu’on parle de bijoux vintage et ancien, on pense que les impacts bénéfiques d’un tel achat se limitent à ceux de l’économie circulaire. Plutôt que d’acheter le fruit d’une nouvelle production, on réexploite ceux d’une production passée.
En réalité, les bénéfices sociaux environnementaux des bijoux anciens sont à regarder en contraste avec la production de bijoux précieux neufs. On en parle peu et pourtant, l’extraction d’or est l’une des industries les plus destructrices au monde.
En effet, la plupart des consommateurs ignore d’où vient l’or des bijoux qu’ils achètent, ni comment il a été extrait. Pourtant, c’est une industrie qui contribue à contaminer et surconsommer l’eau, nuire à la santé des travailleurs des mines, faire appel à de la main d’œuvre infantile et détruire des environnements vierges. Pour donner une idée de l’impact de cette industrie : produire de l’or pour une seule alliance génère 20 tonnes de déchets.
En achetant un bijou ancien, vous évitez donc de contribuer à cette industrie et ses méfaits, que nous allons détailler dans cet article.
SURCONSOMMATION ET EMPOISONEMENT DE L’EAU
L’extraction aurifère nécessite des quantités d’eau démesurées. En moyenne, l’exploitation de l’or requiert 140 000 litres d’eau par heure, soit la consommation d’eau annuelle d’un foyer de trois personnes.
Par ailleurs, le processus d’extraction de l’or est hautement toxique. En effet, l’or se trouve sous forme de pépites ou en quantités infimes dans les minéraux rocheux. Pour extraire et lier la poussière d’or, les orpailleurs doivent utiliser du cyanure ou du mercure.
Au niveau industriel, c’est du cyanure et de la soude caustique qui sont utilisés. Les petits orpailleurs utilisent quant à eux du mercure. Une tonne d’or nécessite 150 tonnes de cyanure en moyenne.
En outre, les sociétés d’exploitation minières du monde entier déversent régulièrement des déchets toxiques dans les rivières, les lacs et les océans. Des recherches ont montré que 180 millions de tonnes de ces déchets étaient déversés dans la nature chaque année.
Même lorsque ces toxines sont contenues par des barrages, elles contaminent souvent les cours d’eau. En effet, il arrive souvent que des infrastructures telles que les barrages de résidus, qui retiennent les déchets miniers, tombent en panne. Cyanure et mercure empoisonnent les nappes phréatiques et les gravats traités au cyanure émettent des acides sulfuriques toxiques pendant des années.
IMPACT SUR LES POPULATIONS LOCALES
Selon le PNUE (Programme des Nations Unies pour l’Environnement), il y a eu plus de 221 ruptures majeures de barrages de retenue des résidus toxiques lié à l’extraction minière. Celles-ci ont tué des centaines de personnes dans le monde, déplacé des milliers et contaminé l’eau potable de millions.
L’eau contaminée qui en résulte est un cocktail toxique particulièrement destructeur pour la vie aquatique. Les effets de ces rejets toxiques sont si multiples que les communautés environnantes s’effondrent rapidement et totalement.
Cette combinaison d’effets néfastes freine le développement économique du territoire, en impactant négativement ses principaux secteurs d’activités.
L’écotourisme subit la destruction de paysages remarquables, la filière forestière perd en capital sur pied, la filière minière déclarée voit sa ressource aurifère pillée.
DANGERS POUR LA SANTE DES TRAVAILLEURS
Le procédé d’extraction de l’or à base de mercure est utilisé par la plupart des petits orpailleurs. On mélange la boue rocheuse tamisée au mercure, formant un alliage liquide avec l’or en paillettes. Ensuite, on chauffe cet alliage, le métal toxique s’évapore, ne laissant que l’or pur. Dans les petites mines artisanales, les travailleurs n’ont pas des protections véritables contre la neurotoxine ou des dispositifs permettant de filtrer les émanations de mercure. Le travail des ces miniers est donc une activité dangereuse qui peut se révéler mortelle dans les pires des cas.
EXPLOITATION INFANTILE
En outre, le secteur de l’extraction d’or dans les petites mines fait souvent appel à de la main d’œuvre infantile, voire, malheureusement, une pratique de l’esclavage contre laquelle les associations humanitaires essaient de faire front.
Les enfants mineurs d’or se trouvent dans certaines régions d’Asie, d’Afrique, d’Amérique latine et d’Europe. La flambée des prix de l’or ces sept dernières années a attiré un nombre croissant d’enfants recrues dans des mines « de brousse ».
Les Nations Unies estiment entre 100 000 à 250 000 enfants mineurs d’or rien qu’en Afrique de l’Ouest. Ils travaillent dans des conditions dangereuses pour extraire des minéraux et des minerais très demandés sur le marché mondial.
QUELLES ALTERNATIVES ?
Aujourd’hui, des filières d’extraction de l’or de façon plus éthique se développent. Notamment, la production d’or recyclé représente une alternative plus respectueuse de l’environnement. Néanmoins toute production de ce type consomme de l’énergie et de l’eau. Ainsi, en achetant un bijou ancien ou vintage, vous refusez indirectement de contribuer aux méfaits de l’industrie aurifère. Vous , n’achetez pas seulement un bijou qui a une histoire. Vous contribuez à ce que celle de notre planète continue de s’écrire pour les futures générations.